Notre rencontre virtuelle se fait avec Emmanuelle, maman de Camille 10 ans, confinée à Notre Dame du Mont.

Bonjour Emmanuelle, confinée en famille, avec travail, télétravail ou sans travail ?

A vrai dire, je ne faisais pas grand chose ces derniers temps au boulot (fonctionnaire en période de pré-élection) ce qui générait chez moi une certaine souffrance. Toutes ces heures contraintes et vides alors que j’ai toujours mille idées en tête ! Donc le confinement pour moi, c’est loin d’être l’ennui. Je me sens paradoxalement plus utile, davantage dans la réalité, proche, enfin, de l’essentiel. Et je n’arrête pas. Mon mari travaille vaguement. Il décélère brutalement car il était en pleine bourre.

Comment se déroule vos journées, les enfants ont- ils un emploi du temps ?

En bonne psycho-rigide, j’ai immédiatement créée un planning pour ma fille de 10 ans tout rond ( anniversaire en pleine épidémie). Mais finalement, au fil des jours, nous nous en sommes affranchis. Nous avons gardé de grandes « directions », un cadre à la fois précis et lâche : faire la classe, s’habiller avec soin, être actifs et créatifs, ne pas rester devant les écrans, sortir une fois par jour, être attentionnés. Et on fait ça dans l’ordre que l’on veut ! Si Camille se sent fatiguée un matin, elle peut prendre un bain. On s’adapte à notre état, nos envies. Du coup, il se produit l’inverse : le planning, nous le remplissons après coup, comme un témoignage que l’on n’a pas « rien fait »…Nous jouons également à des jeux de société, au Cluedo notamment , tous les soirs ( avec un verre de pif, un seul réglementaire, pour les parents !). Ainsi plus qu’un planning, nous avons des rituels.

Quelles sont les ressources dont tu parles (podcast, musique, vidéos, etc…) ?

J’ai des petites lubies créatives donc beaucoup de matériel DIY sous le coude. Nous avons de la feutrine, des perles, des craies grasses, du plastique fou etc. Camille et une copine ( le lundi d’avant the Big Confinement) ont ainsi dessiné sur les murs du bureau une fresque représentant un troquet où nous allons prendre le café chaque matin ! On y coche les jours qui passe comme des bagnards, mais on essaie de faire de chaque petit trait… une fleur.

Nos ressources sont surtout personnelles finalement : notre fille est une grande lectrice, mon mari joue de la guitare, je suis une formation pour donner des cours de yoga. On se félicite d’avoir fait l’effort de poursuivre ces activités en parallèle du travail et de l’école.

Jour 7 de confinement, comment va le moral des troupes ?

Plutôt bien. Je me sens parfois en colère parce que je constate que le confinement exacerbe les différences sociales. Entre notre situation plutôt confortable (un appartement de 80m2 sans extérieur), nos voisins qui font des barbecues tous les midis et déjeunent sous les palmiers et une famille que je connais, coincée dans 25 m2 avec peu de ressources éducatives, les situations diffèrent radicalement. Pour moi, c’est l’occasion de ranger, de faire le point, de vivre comme je l’entend. Je suis presque plus libre finalement:))

Ma fille va bien, elle joue, dessine des zentangles inlassablement – c’est relaxant – et parle avec ses copines via Zoom. C’est une enfant unique, aussi je crains quand même à terme la solitude. Mon mari ? Il a investi les escaliers pour faire du sport et regarde des séries de zombie !

En tant que maman pour enfant, quelles sont tes recommandations pour gérer cette crise ?

Accepter. La vie que nous avons quittée, nous allons la retrouver. D’ailleurs, elle n’était pas parfaite, il ne faut pas l’idéaliser après coup. Il y a des choses positives dans ce que nous vivons, essayons de les voir. Et rire, danser, s’exprimer.