Spectacle malicieux sur un sujet tabou

Avec un joli décalage et délicatesse, ce spectacle raconte l'après... après le mot fin. Une expérience pour apprivoiser la mort et accepter de vivre avec sans pathos, avec joie et résilience.
THÉÂTRE
Metteure en scène Enora Boëlle

Oui, il y aura une fin, ça c’est écrit. Mais on ne sait pas laquelle, et pour moi c’est aujourd’hui.

On n’a pas l’habitude de dire au revoir aux gens après qu’ils soient partis. D’habitude on se débrouille pour faire ça quand ils sont encore là. Mais on va essayer quand même, on va essayer de se dire aurevoir, pour que vous acceptiez que je parte, et que je ne revienne pas.

Et si on commençait par la fin ? Que se passe-t-il une fois que la machine s’est arrêtée ? Le cœur, la respiration, la pensée. Une fois qu’on laisse les autres se débrouiller avec leur chagrin, l’organisation d’un dernier au revoir, les émotions en montagnes russes ? Imaginons qu’on regarde ça d’ailleurs, comme un témoin invisible, privé de toutes sensations. Pas de cris, pas de larmes mais un œil nouveau et parfois amusé sur la fin de la vie. Et si on se disait que regarder tout cela en face nous permettrait de mieux vivre ?
Une table en inox, un drap or, une enseigne affichant le mot FIN au-dessus de sa tête, c’est dans cet espace clinique qu’une défunte toute fraîche virevolte. Entre l’annonce de son décès par le médecin, les soins de la thanatopractrice, une visite au funérarium avec le conseiller et la cérémonie d’aurevoir, ce spectacle propose une expérience pour apprivoiser la mort, accepter de vivre avec, sans pathos, avec joie et résilience.

La presse en parle

Taboue, la mort ? Sans jamais prononcer le mot, le personnage raconte, telle une Alice passée de l’autre côté du miroir, son corps sans vie. Témoin de son trépas, la jeune femme observe avec étonnement et détachement le cœur arrêté, les poumons dégonflés, le cerveau inactif, mais aussi les autres et leurs réactions pendant les étapes du deuil : le médecin légiste, la thanatopractrice, les proches et les moins proches.

Sans pathos, avec même un brin d’humour, cette création va chercher son matériau du côté de l’autobiographie et utilise, avec les codes du théâtre, le concret descriptif, la fiction et le fantastique. Enora Boëlle (conceptrice et interprète), sur une scène presque nue, joue avec ce corps qu’elle dit inerte, aborde son sujet avec une parole simple, délicate et un regard distancié. Captivés ou émus, les spectateurs (enfants comme adultes) traversent ce moment de théâtre comme une expérience forte, belle ; nécessaire.